Il arrive assez fréquemment que des personnes me questionnent et me demandent des conseils sur ma gestion de notre famille recomposée.
Comment y arrives-tu ?
Comment fais-tu ?
Je sens souvent beaucoup d’angoisse. Et à tout vous dire c’est un sentiment que j’ai souvent partagé !
C’est normal me direz-vous, cette incroyable révolution sociétale des familles recomposées, touche de plus en plus de monde : 3 adultes sur 5 élèvent ou ont élevé au cours de leur vie un enfant qui n’est pas le sien.
Comment trouver le bonheur, lorsque par définition la composition de cette nouvelle famille est basée sur un ou plusieurs échecs ?
-Ceci dit en passant, parfois certains divorces sont finalement des réussites en évitant à de nombreux couples de rester enfermés dans un véritable cauchemar !-
Toutes les personnes qui se mettent en couple quand l’un ou les deux possèdent des enfants, ne peuvent le faire que s’il y a eu séparation ou décès .
Voyez , ce n’est pas très gais !
Mais je pense pour ma part que c’est un point très important à accepter si l’on souhaite trouver une certaine sérénité dans cette nouvelle étape de votre vie.
En tout cas c’est ce que j’ai fait.
Mon chéri a coutume de dire et je trouve qu’il a tellement raison « on ne refait pas sa vie, on la continue ».
En effet le premier piège dans lequel il ne faut surtout pas tomber à mon sens, c’est d’imaginer que dès lors que nous reformons un couple , que les compteurs sont remis à zéro, que ce nouveau couple et la famille que nous sommes en train de construire sont « purs » , « sacrés » comme il l’aurait été si l’on s’était connu en premier, sans les enfants.
Quelle erreur !
Même s’il peut sembler pour certain normal de vouloir être l’unique, le ou la plus aimée , ce qui à mon sens n’est pas important car on ne peut jamais vraiment le savoir, je me suis toujours dis qu’il fallait que je m’engage dans cette aventure en sachant profondément que la famille que nous étions sur le point d’essayer de former, resterait la composition de deux anciennes familles séparées, avec tout ce que cela comporte : les déceptions vécues, les bonheurs passés et les premières fois sans vous, les trahisons, les ex, les belles familles , les amis , voir même un certain visage de notre nouveau ou nouvelle chérie que vous ne voudriez pas voir etc…
Je ne sais pas et ne saurais peut-être jamais vraiment, si ce que nous avons mis en place, notre tribu à 8 aura été une réussite, mais je suis fière et heureuse de nous. En effet, même si la vie n’est pas tout les jours rose et que nous sommes passés par de fortes tempêtes, l’équilibre que nous avons mis en place est très souvent une source de bonheur pour David et moi. J’en ressens beaucoup de gratitude.
Je suis heureuse entre autre d’avoir offert à mes deux premiers enfants la chance de partager ce lien si spécial avec mon amoureux David qui est devenu mon mari, ses trois premiers garçons , qui peu importe ce que la vie nous réservera feront partie à tout jamais de leurs vie et de la mienne. Puis bien sûr d’avoir donné le jour il y a 3 ans à Côme, cette chance qui nous lie tous à jamais.
Ceci étant dit, la famille recomposée est une aventure difficile, qui malmène les couples et j’en suis très consciente. Je n’ai pas trouvé de statistiques sur la séparation des familles recomposées, mais concernant les couples en général, ils se séparent proportionnellement plus lors d’une seconde union…
Oupsss..
En même temps comment imaginer que les choses puissent se passer de manières sereines et harmonieuses ?
Les histoires de chacun sont différentes, et le bagage émotionnel n’est pas le même.
Aucun ne possède les même goûts, les mêmes habitudes. Aucun ne suit les même règles éducatives ?
Comment attribuer les chambres ? Qui paie quoi ? Qui fait à manger ? Qui lave le linge ?
Je ne parle pas ici de l’impact du mode de garde, et des potentiels différences entre le couple : l’un les a à 80 %, l’autre 50-50 . Et donc le sentiment très étrange de devoir s’occuper des enfants de l’autre alors que les seins ne sont pas là.
De notre côté c’est tous les deux du 50-50 et nous les avons les mêmes jours de la semaine, ce qui est un très grand confort j’en suis consciente, mais le problème se pose pourtant parfois un niveau des vacances et des grands occasions : Noël, Pâques etc..
Dois-je également aborder le sujet des ex qui consciemment ou inconsciemment ne veulent pas se laisser oublier, qui peuvent parfois avoir l’intention de ne pas laisser si facilement ce nouveau bonheur s’installer sans eux…
Enfin et c’est certainement le plus difficile à gérer, la difficulté pour les enfants de voir surgir un beau parent, et leurs différentes tentatives de faire partir cette personne, ou de lui rendre la vie compliquée. Comment gérer l’angoisse qu’ils ressentent à l’idée que ce beau parent vienne voler l’amour de leur père ou de leur mère ?
Non ce n’est pas simple !
Je vais donc essayer de partager certains repères et constats qui m’ont beaucoup aidé durant ce 7 dernières années.
1- Trouver sa place
Tout d’abord, je me suis aperçu avec le temps que je ne pouvais pas vouloir les même choses pour mes beaux-enfants que pour les miens :
En effet, je me suis investie au départ auprès d’eux de la même façon que pour les miens. Les repas, les devoirs, les soins, les cadeaux, le linge, le shopping, les déplacements, l’éducation. Je ne voulais surtout pas que les enfants puissent ressentir un sentiment quelconque de différentiation, de favoritisme. Mais quelle erreur !
J’ai compris un peu tard, mais ce n’est pas grave car j’ai finis par le comprendre, que le rôle d’un beau parent et surtout le rôle d’une belle-maman est très compliqué : nous sommes dans une situation où nous devons nous occuper des enfants, mais nous ne sommes pas légitimes à le faire.
Les enfants par définitions sont loyaux envers leurs parents et en particulier au parent qui a été quitté ( je vous recommande en cela l’excellent livre de : « les Loyautés » de Delphine de Vigan) , donc malgré leur propres opinions ils ne peuvent accepter de façon positive ce qui vient de du beau parent, par effet miroir de leur autre parent.
Et, c’est accentué à mon sens si vous êtes une femme.
Et finalement c’est tellement normal ! Comment pourraient-ils admettre que cette femme puisse mieux s’occuper d’eux ? Qu’elle soit plus ou moins jolie, gentille, cuisinière, drôle ? Les enfants par définition comparent. Je ne peux pas pour ma part leur en vouloir.
Donc parfois le seul moyen qu’ils ont de gérer cette souffrance et de s’exprimer maladroitement ( parfois très très maladroitement ! ), ou de refuser ce que vous leur proposez.
Cela peut créer des situations très compliquées entre tous les enfants d’une famille recomposée, car des tensions peuvent apparaître entre fratrie, sur le comportement d’une fratrie par rapport au parent de l’autre.
Voici ce que j’ai finis par comprendre et mettre en place : le beau parent n’est pas un copain ou un égal mais un adulte sur qui il peut compter !
Je n’interviens jamais quand aux grandes décisions éducatives, et renvoie la balle au papa ou dans certains cas à la maman pour prendre les décisions.
Cependant, j’ai beaucoup réfléchi sur les concessions que j’étais capables d’accepter en terme de règle ou de philosophie de vie. J’ai également listé les choses que je souhaitais profondément mettre en place, des choses si structurantes chez moi que les oublier me serait , ou serait pour mes enfants préjudiciable.
Ce socle doit forcement être suffisamment souple pour accepter celui de la personne que l’on aime.
Une fois ce socle conçu et encré ( il arrive qu’il soit mis à dure épreuve, croyez moi ! ) , je me suis mise à être plus sereine au quotidien.
Si parfois je ressens de la déception si un enfant refuse de gouter ce que je lui prépare, de m’écouter ou m’envoie un pique un peu désagréable, je me dis qu’il ne s’agit pas finalement de moi, je respire profondément, et passe à autre chose. Et quand je dis passer à autre chose, c’est réellement : je lui dis que c’est dommage en gardant le sourire , puis je change de sujet complètement et essaie de l’emmener sur un sujet qu’il aime bien.
2 – Définir un socle
Autre astuce : tous les enfants sont différents et ne peuvent prétendre aux mêmes choses. En effet, même dans une fratrie classique, la différence d’âge, peuvent déjà naturellement expliquer que certains aient plus de droit que les autres.
Les profils sont d’autant plus différents lorsque les familles se recomposent, alors nous avons admis que nous devions adapter les règles en fonctions des profils de chaque enfants ( cela devient plus que nécessaire arrivé à l’adolescence ! ). Mais nous avons mis en place un minimum garantie, sur lequel il n’y a aucune négociation possible : comme aider au lave vaisselle, le rangement, le respect et la politesse etc..
Pour d’autres sujets plus compliqués, c’est le Parent qui traite au cas par cas.
Je pense pour ma part que les enfants souhaitent que nous fassions attention à eux, que de ne pas les accompagner, les conseiller, voir les sermonner , peut donner une impression de délaissement, et à l’inverse une trop forte présence peut donner une impression de harcèlement.
C’est donc important de parler, avec les enfants et la personne que l’on aime.
3- De la bienveillance
Ne jamais critiquer son ex avec le beau parent quand les enfants sont à la maison ! En effet les enfants étant loyaux envers leurs parents, et même si la critique est fondée, amène les enfants à se sentir critiqués eux -même et c’est catastrophique pour votre relation. Soyez bienveillants !
4- Du partage des chambres ..
Demander aux enfants leurs avis tant à la répartition des chambres, qu’ils aient chacun la leur ( c’est l’idéal ) ou qu’ils aient à les partager.
5- Ne pas forcer les choses
Ne pas obliger les enfants à s’aimer entre eux, mais à se respecter. Chacun d’entre eux feront leur propre chemin et sont souvent plus attachés à leurs demi-frère ou demi-soeur que nous l’imaginons !
6- Faire un bébé !
Je plaisante … à moitié ! Lorsque notre petit dernier est né, la famille s’est vraiment unie!
Cette arrivée avait crée beaucoup d’inquiétudes pour certains de nos garçons, et même du refus. Nous avons dû les accompagner sans rien leur imposer sur leurs ressentis.
Ils ont évoqué beaucoup de crainte : « Quel nom de famille va t il porter , ce ne sera pas le mien ! Est ce qu’on sera vraiment frère ? Que se passera-t-il si un jour vous vous séparez ? »
Les réponses paraissent difficiles, alors qu’en fait le plus simple est de le dire de la façon la plus sereine possible.
Je peux vous dire que ce n’est pas simple quand vous êtes gonflée aux hormones de la grossesse ! Mais lorsque bébé est né, nous étions tous réunis et toute les craintes se sont envolées.
J’ai fait aussi très attention de leur permettre à tous de s’en occuper très vite ( j’ai parfois eu certaines frayeurs , lol ! ) mais je trouvais très important qu’ils s’approprie cette fraternité.
Au final, et même si la vie de famille recomposée n’est pas simple ( c’est tout l’inverse d’ailleurs ! ) , je suis fière, nous sommes fiers de la notre.
Il nous arrive souvent de ressentir des coups de mou, mais juste après c’est beaucoup d’amour !
J’espère que ces petits conseils vous auront aidé, en tout cas n’hésitez pas à me le dire, soit en commentaire , soit sur mon Instagram !